Stanislas NTAMBWE

CPI : Bosco Ntaganda plaide non coupable

Bosco Taganda devant-la CPI
Bosco Ntaganda devant-la CPI

Bosco Ntaganda, ancien chef d’état-major général adjoint des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), plaide non coupable à la CPI.

Bosco Ntaganda est accusé de 13 chefs de crimes de guerre et de 5 chefs de crimes contre l’humanité qui auraient été commis en 2002-2003 en Ituri, dans la Province orientale, au nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Le procès dans l’affaire « Le Procureur contre Bosco Ntaganda » s’est ouvert, mercredi 2 septembre, devant la Chambre de première instance VI de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, aux Pays-Bas.

Cette Chambre est composée du juge Robert Fremr, juge président, de la juge Kuniko Ozaki et du juge Chang-ho Chung. L’ouverture du procès a débuté par la lecture des charges retenues à l’encontre de B. Ntaganda.

Le juge président Robert Fremr s’est assuré que l’accusé a compris la nature des charges à son encontre. Mais, l’accusé a plaidé non coupable. Le procureur de la Cour,  Fatou Bensouda, et le premier substitut du procureur, Nicole Samson, ont ensuite pris la parole pour une déclaration liminaire.

Campagne de violence criminelle

Les audiences reprennent jeudi 3 septembre 2015, avec les déclarations liminaires des représentants légaux des victimes, Me Sarah Pellet et Dmytro Suprun, puis du Conseil de la défense de Bosco Ntaganda, Me Stéphane Bourgon. Bosco Ntaganda pourrait également faire une déclaration orale sans prêter serment en Kinyarwanda. Après une courte interruption, la présentation des preuves de l’accusation débutera le 15 septembre 2015 avec la comparution du premier témoin.

Par ailleurs, selon Fatou Bensouda, l’ex-chef de guerre dit « Terminator » et ses complices auraient également mené une « campagne impitoyable de violence criminelle ». « Nous pensons qu’il a ordonné à ses troupes d’attaquer, piller, violer, persécuter et tué des civils des ethnies lendu et ngiti parmi d’autres groupes ethniques », a-t-elle déclaré, mardi 1 septembre à la presse.

« De plus, nous pensons qu’il a recruté des centaines d’enfants dans les rangs de l’UPC et qu’il les a utilisés pour tuer et mourir au combat, ainsi que des filles soldats qui se sont fait violer quotidiennement  », a-t-elle ajouté.

La vérité éclatera

Le procureur de la CPI a relevé qu’au regard de la loi, Bosco Ntaganda en tant qu’accusé, jouit des droits et d’un « procès équitable », avant de souligner que seuls « les juges de la Cour se prononceront sur la culpabilité ou l’innocence » de Ntaganda à l’issue du procès.

Toutefois, Fatou Bensouda a fait observer qu’à l’instar de tout procès portant sur des questions d’une telle gravité, celui de « Terminator » prendra sans doute du temps. « Mais, la vérité éclatera au grand jour et justice sera finalement rendue aux milliers de victimes touchées par ces crimes », a-t-elle rassuré.

Elle a précisé que ce procès n’est pas celui de l’une ou de l’autre communauté, ni d’une appartenance ethnique. « Il s’agit du procès d’un individu, Bosco Ntaganda qui a profité des tensions ethniques en Ituri à des fins personnelles, pour accéder au pouvoir et à la richesse, et qui, pour ce faire, a commis des atrocités », a dit le Procureur de la CPI.

Poursuite des enquêtes en RDC

« Que les choses soient claires. Nous continuons à enquêter en RDC. Nous n’abandonnerons pas les victimes d’atrocités commises que ce soit en RDC, ou dans l’un des 123 pays membres de la CPI à travers le monde ou partout ailleurs où nous pourrions avoir compétence pour agir en vertu des dispositions du Statut de Rome », a insisté Fatou Bensouda.

Par ailleurs, c’est en date du 12 janvier 2006 que l’accusation avait déposé une requête aux fins de délivrance d’un mandat d’arrêt international à l’encontre de Bosco Ntaganda, au terme de sa première enquête relative aux crimes qui auraient été commis dans le district de l’Ituri depuis le 1er juillet 2002. Le 22 août 2006, la Chambre préliminaire I de la CPI avait délivré un mandat d’arrêt sous scellés à l’encontre du prévenu.

Le 28 avril 2008, cette Chambre avait décidé de lever les scellés sur le mandat d’arrêt à l’encontre de Bosco Ntaganda. Le 13 juillet 2012, la Chambre préliminaire II avait délivré un second mandat d’arrêt, après une deuxième requête de l’accusation aux fins de délivrance d’un mandat d’arrêt du 14 mai 2012.

Et le 22 mars 2013, Bosco Ntaganda s’était rendu volontairement à la Cour, où il est actuellement en détention. Son audience de première comparution avait eu lieu le 26 mars 2013, devant la Chambre préliminaire II.


La RDC à la croisée des chemins

Croisée des chemins
Croisée des chemins

Dialogue, élections apaisées et glissement sont de nouveau vocables dans les rues de Kinshasa. Ce dialogue « pour les élections apaisées » passe-t-il nécessairement par le glissement ?

L’ébullition au sein de la classe politique à l’approche des élections générales de 2015-2016 doit être canalisée. Le schéma qu’une importante frange de la classe politique se propose d’adopter dans les tout prochains jours porte sur l’organisation d’un dialogue politique.

Cependant, en vue de tenir des scrutins apaisés ce Dialogue va-t-il conduire absolument à un glissement ? Telle est l’interrogation qui taraude les esprits les plus lucides au pays où il y aurait « absence de stock des compétences ».
Rien ne sert à se cacher derrière son doigt, le pays est à la croisée des chemins. Les scrutins de 2015 et de 2016 ne se feront pas sans casse tant que l’actuelle tension rampante ne sera pas jugulée. Le gouvernement a trainé les pieds dans le processus de libération des fonds pour l’organisation des élections.

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui a cédé à la pression, a publié un calendrier que tous savaient à l’avance difficile à mettre en œuvre. Le parlement de son côté, a mis quatre mois pour produire la loi sur la répartition des sièges aux locales et municipales. Une incroyable lenteur face à la liste de 23 contraintes alignées par la centrale électorale pour réussir son propre pari d’organiser les scrutins en se conformant au calendrier de février dernier.

De tergiversation à tergiversation, les uns et les autres se sont renvoyé la patate chaude, se permettant au passage de marcher sur les us et pratiques parlementaires. Le temps lui ne faisait que couler, comme dans la fable de la Cigale et la fourmi. Pendant ce temps, l’Opposition, en manque de stratégie n’a pu contrer la majorité dans sa démarche sur le cycle électoral.

Les contraintes techniques

Sur le plan strictement techniques, il y a de vrais problèmes qui jonchent la bonne marche du pays. Tout dépend de la manière avec laquelle la question sera abordée ! Ceux qui sont à la base de cette situation (gouvernement, parlement et Ceni) doivent accepter leur part de responsabilité.

En toute humilité ! De la posture qu’ils adopteront dépendra la suite des événements. Aussi, il serait maladroit qu’ils embouchent le langage du dialogue pour le glissement. Il ne leur reste que de proposer une piste sérieuse de sortie de la crise par l’organisation des scrutins en vue de l’alternance au sommet de l’Etat.

Quant aux autres, ils doivent prendre conscience que l’alternance ne s’obtiendra pas sans un minimum de consensus. Ce qui passe par la volonté d’éviter que la case ne brule d’autant plus qu’on ne peut aspirer gérer un pays à feu et à sang ! Les contraintes techniques, qui se plantent dans la cour du processus électoral, peu importe le responsable, obligent la classe dirigeantes à des concertations sans tabou.

De ces concertations ou dialogue, les acteurs devront élaguer toutes les pesanteurs qui plombent le processus qui précède l’alternance prévue dans la Constitution. Pour cette raison, le dialogue devient incontournable. Une occasion pour opérer des réajustements judicieux. Dialogue, élections apaisées et glissement, tout dépend du sens de responsabilité de chaque Congolais.


La Double Vie d’Emilie Sagée

La Double Vie d’Emilie Sagée

De nombreuses histoires et légendes racontent que nous possédons tous un double en ce monde. C’est tout du moins l’expérience que vécut Émilie Sagée au XIXe siècle, une jeune préceptrice engagée dans un pensionnat de jeunes filles à Riga en Lettonie.

Qui est Emilie Sagée ?

A l’époque des faits, Émilie Sagée est une jeune française sans histoire de trente-deux ans réputée pour son calme et sa discrétion. Elle aime les voyages et saisit cette opportunité pour connaître une contrée dans laquelle elle n’aurait sans doute jamais été autrement.

C’est avec une grande excitation et une grande joie qu’elle arrive un beau matin de 1845 dans ce pensionnat pour jeunes filles de familles riches à Riga en Lettonie. Elle doit y enseigner le français.

Émilie semble être une jeune fille équilibrée, sociable, intelligente et vive et tout à fait ordinaire qui s’investit complètement dans son travail.

Elle excelle d’ailleurs tant comme professeur que tout le monde l’apprécie… à tel point qu’au début, le directeur et les autres professeurs ne prêtent qu’une oreille discrète aux histoires étonnantes de ses élèves.

Une étrange apparition

En effet, toutes les jeunes filles, qui déclarent apprécier leur préceptrice et n’ont aucune récrimination à son encontre, racontent des choses tellement étonnantes qu’on ne les croit pas de prime abord.

En présence d’Emilie Sagée, il se passe en effet des choses étranges pendant ses cours qui, au demeurant, sont reconnus d’une grande qualité.

Entre autres, une fois : ses élèves racontent avoir vu un double d’Emilie se mettre au tableau à côté d’elle et mimer son attitude.

Une autre fois, alors qu’elle écrit sur le tableau noir, qu’elle n’est pas la stupéfaction de ses élèves de la voir, en même temps, assise au fond de la classe. A l’écoute du récit de tous ses phénomènes, Émilie Sagée semble être au courant mais déclare ne pas les provoquer volontairement.

En une autre occasion, cette fois, c’est le responsable des jardiniers qui, la voyant se promener dans le jardin à l’heure du dîner, se rend au réfectoire où il la trouve en train de souper au même moment avec les autres professeurs !

Un don énigmatique !

Cette fois, l’histoire est prise au sérieux par la direction qui, devant les protestations des parents, finira par licencier Emilie Sagée qui déclara que ce n’était pas la première fois qu’elle était renvoyée pour des faits qu’elle ne semble d’ailleurs pas souhaiter et dont elle pâtit depuis des années !

Elle restera un moment sans travail puis fait la connaissance d’un expert russe en sciences parapsychiques, Alexandre Aksakof. Celui-ci, malgré de nombreuses tentatives, n’arrivera pas à expliquer ce phénomène.

Émilie Sagée disparut mystérieusement sans laisser de trace en 1850, encore une fois, mêlée à un événement énigmatique.

Une étrange disparition

Cette année-là, une riche noble russe, qui l’avait engagée comme dame de compagnie, est retrouvée morte dans son château en Russie.

Des témoins déclarèrent avoir vu Émilie sortir de l’opulente demeure alors que d’autres affirmèrent l’avoir aperçue, au même moment, à Saint-Pétersbourg à plus de quatre cents kilomètres de là ! Ce fut sa dernière apparition.

Il s’agirait d’un cas de « double marcheur ». Selon les spécialistes de ce phénomène : l’ombre d’une personne peut se séparer de celle-ci et acquérir une certaine autonomie dont la faculté de se retrouver à côté de la personne en question ou à des centaines de kilomètres de là suivant les cas.


Dialogue différé

De gauche à droite, Kabila et Tshisekedi
De gauche à droite, Kabila et Tshisekedi

Pour dialoguer, il faut être à deux. Mais, quand on est politicien de la RD Congo, on se permet des passe-droits pour… soliloquer. Comme un fou. Dialogue ou non ? Le politicailleur congolais abhorre le dialogue, même s’il est convaincu que du dialogue sortira son ticket d’accès au pouvoir. Observez l’environnement.

Profitant de l’entérinement par l’Organisation des Nations unies, le 24 février 2013, de « l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RD Congo et la région », l’Opposition s’est accrochée à cet instrument pour réclamer le dialogue avec le président Kabila. Objectif : tenter de construire la cohésion nationale et aplanir les aspérités jonchant la voie vers des élections 2015-2016 crédibles.

Ce dialogue-là, parce qu’inspiré d’Addis Abeba, a rencontré une forte résistance de la part du pouvoir. En revanche, Kabila a sorti sa formule : les « Concertations nationales ». Elles ont accouché de ce qu’elles devaient accoucher. Certains diront même qu’elles auraient accouché d’une souris.

Pas de consensus. Pas de cohésion en vue

En 2015, cette fois, Kabila est demandeur. Il déploie tous azimuts ses Talleyrand, qui traversent la Méditerranée pour approcher le leader de l’opposition radicale, Etienne Tshisekedi convalescent à Bruxelles. La problématique du dialogue prend désormais de l’ampleur et agite l’Opposition. Apparaît alors le risque d’émiettement entre « Opposition dialoguiste et extrémiste ». Le scénario n’est pas nouveau.

Par exemple, des sources à Bruxelles ont fait état d’un pugilat, vendredi 28 août, entre les militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti cher à Tshisekedi. Les uns toujours fidèles à Etienne Tshisekedi, les autres opposés au lider Maximo pour avoir souscrit au Dialogue qui pourrait réunir des représentants du pouvoir, des délégués de l’opposition et de la société civile.

En outre, au cours de ces échauffourées, Etienne Tshisekedi aurait été traité de  » collabo  » par les combattants opposés au Forum national en vue.

Depuis 1960, ils sont comme ça, les politicailleurs congolais. Sous Kasavubu, le « dialogue différé » les a successivement conduits à Casablanca (Maroc), Tananarive (Madagascar) et Coquilhatville (actuel Mbandaka, en RDC). Sous Mobutu, les protagonistes se sont, enfin, retrouvés à Libreville sur Outeniqua. Sous M’zée Kabila, ses boys et ses contradicteurs ont parlementé à Lusaka. Les hommes de « Jeff Kabila » ont palabré avec ses opposants à Gaberone, Addis Abeba et, deux fois, à Sun City.

Le dialogue, voyez-vous, est inévitable. Mais les Congolais le préfèrent « différé ». Kabila revient sur la vieille recette après ses concertations de 2013. Pourvu que l’essentiel soit sauvé. On attend voir.


Infantilisation

A320  de Congo Airways
A320 de Congo Airways

La fanfare et les trompettes n’ont pas retenti à l’aéroport internationale de N’Djili le 25 août 2015. Car, le deuxième Airbus A320 de Congo Airways annoncé n’a pas quitté l’Irlande. Les officiels ont tempêté, chacun, en « monoko ya mboka (langue maternelle) ».

Explication : la veille, la justice irlandaise venait de bloquer cet avion à la demande d’une société américaine, Miminco LLC. L’État congolais lui doit encore 11,7 millions de dollars sur une dette convenue à treize millions. Pour rappel, le litige est né en 1997 lorsque les « Libérateurs Afdéliens », après avoir chassé Mobutu du « Palais des marbres » à Mont Ngaliema, ont dépossédé Miminco de ses deux mines, de ses dragues et des carats de diamant à Tshikapa ainsi que de son immeuble à Kinshasa.

Déboutés devant la justice locale, Miminco sera réhabilitée, en 2007, par le tribunal arbitral de Paris. La RDC a été condamnée mais n’aurait versé que le dixième et a … oublié le reste. La dette la rattrape en août 2015 au travers de l’A320 bloqué à Dublin (Irlande). Où hibernait alors le sacro-saint principe de la continuité de l’État ? Voyons comment la presse, pour sa part, a tenté d’infantiliser les citoyens.

Zélé, un journal ose une manchette du genre «La RDC est poignardée par un de ses fils». Il s’agit de l’Américain Mukendi. Le journal invite à le «honnir» car il s’est mis «à la solde des étrangers ». Un deuxième accuse Miminco de vouloir «porter un coup au programme de la Révolution de la modernité».

Un troisième affirme, dans sa Une, que «la pelle qui a déterré ce dossier vieux de 18 ans est partie de Kinshasa, expédiée par les bénéficiaires du monopole de fait au profit d’une seule société aérienne qui dicte sa loi à tout un pays». Un seul journal a sauvé l’éthique. Il a soutenu que Congo Airways est «victime des pots cassés par des intouchables».

Coup de grâce : le gouvernement a douché les laudateurs, avouant publiquement, le 26 août, avoir oublié de payer le solde. Moralité : le mensonge d’un individu l’avilit. Le mensonge de la presse tue … des générations.


Sans homologues

Le président Nkurunziza prête serment pour un troiisème mandat
Le président Nkurunziza prête serment pour un troisème mandat

Il paraît que le 20 août 2015, Peter Nkuru… se serait « autoréinvesti » président de la minuscule « républiquette » du Burundi. Et qu’il aurait, à l’occasion, prêté serment mais en toute confidentialité. Ce qui est attesté, néanmoins, par les médias qui veillent sur Bujumbura, c’est que ce non-évènement s’est déroulé en toute clandestinité.

« Clandestinité » ? Oui. C’est-à-dire loin du peuple burundais, que les opportunistes ‘Nkuruphiles’ et ‘Nkurupathes’ prétendent avoir vu massivement le réélire. C’est-à-dire, aussi, loin du bâtiment qui abrite traditionnellement ce type de cérémonies. C’est-à-dire, surtout, loin de ceux qui auraient normalement pu constituer l’aréopage d’hôtes de marque.
On peut en déduire que le protocole d’État, dans un contexte de controverse généralisée, n’a pas été sollicité. Et que le tout « nouveau » Nkuru peut se flatter d’avoir réalisé des économies… de bouts de chandelles. Pour faire court, Nkuru III a prêté serment dans une périlleuse contestation nationale. Et dans une indifférence planétaire aux conséquences prévisibles. L’ancien rebelle a joué sa comédie sans la présence d’un moindre homologue africain. Le comble ! Il a même été boycotté par d’autres Africains qui, publiquement ou secrètement, sont tentés par le mauvais exemple.

Ainsi va l’Afrique des chefs d’État « souverainistes ». Pauvres souverainistes qui, le matin, déclinent les conseils de démocratie des partenaires et, le soir, rasent les murs pour quémander leur argent sous prétexte de construire des latrines publiques, des routes, etc.

Il ne faut pas en rire. Il ne faut pas non plus en pleurer. Ou, si vous ne pouvez pas vous retenir, riez en pleurant avec solennité.

Certes, tous les Barundi n’ont pas été conviés à la table de Sa Majesté Nkuru III. Est-ce un signe que le régime a atteint la pointe de la courbe de Gauss avant de se désintégrer avec fracas ? En tout cas, un rat mort n’attire que des mouches. D’où son surnom, en lingala, de « kolo nzinzi (seigneur de mouches) ».


FDLR, pour des siècles des siècles ?

Les FDLR cantonnés à Kisangani (Province Orientale
Les FDLR cantonnés à Kisangani (Province Orientale

Désarmés, deux cents rebelles rwandais des FDLR sont cantonnés à Kisangani. Ils refusent de rentrer au Rwanda par peur de représailles et en même temps ils accusent le gouvernement congolais de ne pas les nourrir. Faut-il les congoliser d’office ?

Les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda se plaignent, accusant le gouvernement de la RDC de ne pas régulièrement les nourrir, de les priver de soins médicaux. Ils viennent d’écrire à l’envoyé spécial de l’ONU pour les Grands Lacs. Ils dénoncent leurs conditions de vie « déplorables ».

Ils affirment que, depuis juillet, à deux reprises, il n’y aurait eu aucune distribution alimentaire pendant plusieurs jours d’affilée. Information infirmée par les gestionnaires congolais du camp, qui concèdent, néanmoins, ne pas être en mesure d’assurer trois repas par jour. Et qu’a fait la Monusco ? Elle confirme avoir été alertée et que, en réaction, elle a fourni de la nourriture et, voire, débloqué les sanitaires inutilisables.

Lassée, l’opinion congolaise fait des pieds et des mains pour voir les « machetteurs » regagner le Rwanda après vingt ans d’occupation du Kivu, jalonnée d’assassinats des autochtones, de viols et de pillages. D’après les sources des ONG, sur 2 000 combattants FDLR terrorisant le Kivu, deux cents seulement ont déposé les armes. Mais ils refusent, par peur de représailles, de rentrer au Rwanda. Faut-il les congoliser d’office ?

L’Afrique n’est pas prête à recommander cette voie. En effet, le communiqué final du 35ème sommet de la SADC tenu à Gaborone (Botswana) est fort explicite. « Les chefs d’État et de gouvernement présents les 17 et 18 août 2015 au 35ème Sommet ont appelé la communauté internationale à faciliter le rapatriement au Rwanda des ex-combattants déjà désarmés en RD Congo ou leur réinstallation dans un pays tiers ».

Quel pays tiers accepterait ces « pestiférés » au vu des revendications qu’on les a vus égrener en RDC ? Exiger trois repas par jour, alors que les citoyens de la RDC ne sont généralement plus programmés que pour un seul ! Exiger trois repas au motif qu’on avait « bien » tué ses propres compatriotes en 1994? À ce rythme-là, entonnons le « FDLR pour des siècles des siècles ».


RDC : procès Chebeya, un piège d’Etat ?

Le Prévenu Daniel Mukalay en compagnie de ses avocats
Le prévenu Daniel Mukalay en compagnie de ses avocats

Les avocats du prévenu Daniel Mukalay clament l’innocence de leur client. Ils évoquent « un piège » tendu à l’Etat congolais par « certaines officines politiciennes et des droits de l’homme ».

L’audience du procès qui se déroule en chambre foraine et qui oppose devant la Haute Cour militaire le ministère public et les parties civiles aux assassins présumés de Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana Edadi de l’ONGDH « La Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme (VSV) », a été consacrée aux plaidoiries de la défense, jeudi 20 août à la prison centrale de Makala.

Me Bokata Ikundaka, l’un des conseils du prévenu Daniel Mukalay, a prié la haute Cour de déclarer « non établies », en fait comme en droit, toutes les préventions mises à charge de son client.
« Si on suit la thèse, particulièrement sulfureuse du ministère public, Chebeya aurait été asphyxié sans qu’il sans qu’il se débatte. Il s’est laissé mourir sans s’agiter, sans un moindre soubresaut. C’est une impossibilité physiologique », a-t-il déclaré.

Selon lui, ce ne sont pas des abrasions et des ecchymoses qui ont tué Chebeya. Mais, « de quoi est mort Chebeya ? », se demande-t-on. Me Bokata qui dit se baser sur le rapport de l’autopsie pratiquée par les médecins légistes, estime que « les abrasions et les ecchymoses ont provoqué un stress combiné à la double pathologie dont souffrait ce défenseur des droits de l’homme ».

« Cela a provoqué une mort subite », soutient Me Bokata, affirmant que le 1er juin 2010, Chebeya et son chauffeur n’ont jamais été à l’Inspection générale de la police. « Cela, pour la simple raison que le colonel Daniel Mukalay l’en avait dissuadé à 17 h 25’, en lui faisant comprendra que le général John Numbi n’allait plus venir », explique-t-il.

L’avocat de la défense a en outre relevé les caprices de la technologie quant aux heures exactes où il y a eu des appels téléphoniques et l’envoi des SMS. Aussi, Me Bokata a mis en doute le rapport du commissaire adjoint Nkuna de la Police scientifique et technique (PTS), un sociologue qui s’est pointé sur le lieu quand la scène était déjà polluée et qui a allégué que la tête de Chebeya tournait dans tous les sens.

Un cadavre exquis

Concernant le jugement déclaratif du décès de Fidèle Bazana, Ce conseil de la défense a fait remarquer aux hauts magistrats militaires que Bazana est totalement absent dans ce procès. Car selon la loi, Bazana était supposé être vivant jusqu’au 31 mai 2011. Mais ce jugement est de novembre 2010. Donc, il y a eu entorse à la loi.

« Le ministère public nous a promis une orgie de preuves, mais il a été prodigue en supputations. Il y a eu absence de preuves, et la Cour doit tenir compte de cet aspect de choses », a-t-il aussi lancé à l’intention de la Cour.
Pour Me Bokata, l’objectif des parties civiles est d’amener ce procès au-delà des échéances électorales de 2016.

Il a dit à ce sujet : « Ce ne sont pas ceux qui sont en ce moment dans le box des accusés qui les intéressent, mais le général John Numbi, et plus loin le chef de l’Etat ». « Ils ont parlé de crime d’Etat, sont-ils sûrs qu’ils vont aboutir. Ces officines des droits de l’homme croient-elles maîtriser tout cela ? Il y a question d’un piège d’Etat », croit-il savoir.

Dans sa plaidoirie, Me Bokata a soutenu que ce sont des raisons politiques qui ont abouti à l’arrestation de son client et à la mise à l’écart du général John Numbi. « C’est ainsi que mon client vous dit qu’il est victime d’un montage ; il n’y a rien de plus dangereux que d’habiller un procès politique. La canonisation doit passer par un procès canonique », a-t-il insisté.

Après avoir fait allusion à la VSV qui avait touché 210.000 dollars à l’USAID en en 2007, Me Bokata a ironisé que le corps de Chebeya est un « cadavre exquis » ; et chacun a pu se servir sur ce cadavre. En cela, il a pointé du doigt les officines des droits de l’homme et les officines politiques.

« Si tout ce que nous avons eu à dire est rejeté, on aura posé le premier jalon de ce qu’on appelle crime d’Etat. On arrivera jusqu’au général John Numbi, et après ce sera le président Kabila ou un autre. Et l’organe de la loi est tombé dans le piège des parties civiles », a conclu Me Bokata.


Enfants à vendre !

Un des enfants adoptés et bloqués en RDC
Un des enfants adoptés et bloqués en RDC

Les trafiquants d’êtres humains en RDC, utilisent le nouveau vocable : « adoption » pour masquer leur forfait. Et des orphelinats sont utilisés comme véritables réservoirs de cette sorte de pêche à la ligne.

En République démocratique du Congo (RDC), certains ont recours à de multiples stratagèmes pour adopter des enfants, notamment en invoquant des raisons de charité. Pour masquer leur forfait, le nouveau vocable est bien trouvé : « Adoption ». Et des orphelinats constituent les réservoirs de cette sorte de pêche à la ligne.

Selon les statistiques officielles recueillies à la Direction générale de Migration, « 1104 enfants congolais ont été adoptés, depuis 2009, dans 16 pays étrangers ». En tête figurent les Etats-Unis d’Amérique (453 adoptés), l’Italie (433 adoptés) et la France (160 adoptés).

Une moyenne d’environ 200 enfants par an, selon des sources des services étatiques. Le bilan est ahurissant et inquiétant. Mais, le Congo n’est pas l’unique pays à offrir ce spectacle qui rappelle la traite esclavagiste. La situation devient de plus en plus alarmante en Afrique. Pourquoi une telle affluence des « négriers » sur le continent noir ?

Faux dompteurs d’enfants

Les raisons sont multiples et les abus de plusieurs ordres. Certains de ces enfants adoptés sont par exemple transformés en marchandises que l’on revend aux puissants négriers, parfois via Internet aux plus offrants qui s’en servent à leur guise.

Aux corvées qu’on leur impose, il faut ajouter le fait que certains sont transformés en objet alimentant l’industrie pornographique florissante, principalement en Occident. On les entraîne malgré eux. On n’hésite pas à leur faire prendre des drogues fortes pour les livrer à des pédophiles.

Mais, ces « faux dompteurs d’enfants » se le permettent, car ils bénéficient des autorisations d’adoption de complaisance, et ce, malgré la mesure de suspension prise en 2013 par le gouvernement. Ô la justice congolaise !
Oui, dans la plupart de cas, ces négriers se font représenter par leurs avocats (Congolais), au lieu de leur présence physique telle que voulue par la loi. Pourtant, l’arsenal juridique congolais a prévu des garde-fous à propos de l’adoption des enfants.

Certains observateurs pensent que ceux qui autorisent l’exode des enfants congolais vers de terres inconnues, devraient tenir compte de l’incompatibilité de certaines cultures qui effraieraient plus nos enfants qu’elles ne les aideraient à résoudre de problèmes humanitaires escomptés.

Gel d’autorisations

Des enfants adoptés
Des enfants adoptés

En 2013, les autorités de Kinshasa ont imposé un gel des autorisations de sortie. Un millier de parents étrangers dont les enfants ont été « légalement » adoptés sont retenus dans un orphelinat. Certaines familles attendent depuis quatre ans , selon RDC Adoption, un collectif de parents.

La même année, une journaliste de Reuters avait révélé qu’« un réseau officieux de parents » se débarrassait de leurs enfants adoptés en les proposant à d’autres parents, via des réseaux sociaux. A l’en croire, plus de 260 enfants (de 9 à 12 ans et des filles, pour la plupart), auraient été « échangés » en 2013, rien que sur Yahoo!

Quelques-uns d’entre eux ont été transférés, hors de tout cadre légal, dans des familles connues des services sociaux pour avoir maltraité ou abusé sexuellement de leurs enfants biologiques, selon la même source.

Cette situation et celle de la légalisation, dans plusieurs pays d’accueil, du mariage gay a poussé les pays d’origine à durcir les conditions d’adoption pour les ressortissants étrangers. Ces pays d’origine étant, pour la plupart, opposés à l’homoparentalité, craignent que leurs enfants soient confiés à des couples homosexuels. Raison principale avancée par les autorités pour justifier la suspension des autorisations de sortie.

Le 14 août 2015, au cours du Conseil des ministres, le gouvernement congolais devait se pencher sur cette question et mettre éventuellement fin au blocage. Mais, l’examen du dossier a été ajourné. Ce, en dépit de la demande officielle, au début du mois d’août, des sénateurs américains qui ont sollicité des autorités congolaises, l’accélération des dossiers laissés en souffrance.


RDC : disparu depuis samedi, Bienvenu Matumo retrouve sa famille

Bienvenu Matumo
Bienvenu Matumo

Un activiste du Mouvement de lutte pour le changement (LUCHA), Bienvenu Matumo qui était « disparu » depuis le soir du 8 août 2015, a retrouvé sa famille, dans l’après-midi de mercredi 12 août 2015.

Selon un communiqué de LUCHA publié, mercredi 12 aout 2015, « c’est l’Agence nationale de renseignements (ANR) qui l’avait enlevé et détenu dans ses bureaux situés près de la Primature » à Kinshasa.

« Les conditions de sa détention étaient très mauvaises », souligne le communiqué, précisant » Pourtant, précise-t-on, « Bienvenu n’a heureusement pas été spécialement maltraité ». Le mouvement citoyen de LUCHA se réjouit du fait que Bienvenu soit retrouvé « vivant, et qu’il recouvre sa liberté ».

Dans un communiqué publié, mardi 11 aout, Amnesty international avait dénoncé la disparition de Bienvenue Matumo. Selon ce communiqué, l’activiste Matumo serait « soumis à une disparition forcée ».

Méthodes anarchiques

La Coordination de la LUCHA qui remercie les organisations de défense des droits de l’Homme, la MONUSCO, et certains responsables politiques qui se sont mobilisés pour obtenir la libération de Bienvenu Matumo, condamne « avec force, les méthodes anarchiques de l’ANR, et dont l’enlèvement et la séquestration de notre camarade n’est que le dernier exemple en date ».

Pour ce mouvement, « les citoyens Congolais sont en droit d’attendre d’un service attaché à leur Présidence de la République, un comportement et des agissements professionnels et respectueux de la loi ». « Malheureusement, regrette-t-il, à aucun moment le Président de la République et le gouvernement n’ont condamné de tels actes, ni demandé des comptes à leurs auteurs, ce qui laisse croire qu’ils les cautionnent ».

Les activistes de la LUCHA pensent aussi que, « l’enlèvement et la séquestration de Bienvenu Matumo fait partie d’une stratégie visiblement délibérée d’intimider et faire taire la voix de la jeunesse Congolaise qui, à la veille d’élections cruciales pour la RDC, aspire légitiment à l’alternance démocratique, la démocratie, la bonne gouvernance, ainsi qu’à sa pleine participation citoyenne ».

« C’est dans cette même stratégie que s’inscrit l’enlèvement, la séquestration pendant près de 50 jours, puis le simulacre de procès en cours contre deux autres de nos camarades, Fred Bauma et Yves Makwambala », ont-ils argué.

Libérer Bauma et Makwambala

Par ailleurs, ces activistes demandent au Président de la République, Joseph Kabila, de « faire le ménage dans ses Services de renseignements, et de s’assurer que les responsables des violations répétées des droits de l’Homme sont limogés et mis à la disposition de la justice ». Car, pour eux, « la fin de l’impunité tant clamée est la seule façon de garantir que ces actes ne vont pas continuer à se reproduire ».

LUCHA qui déplore le « silence ou l’inaction » du Président de la République, estime que cela pourrait être interprétée comme « une caution à ses actes », et qu’ « il devra personnellement en répondre un jour ». La coordination de LUCHA demande par, par la même occasion, « la libération de Fred Bauma et Yves Makwambala, illégalement et injustement détenus à Kinshasa depuis bientôt cinq mois. Ils n’ont commis aucun crime ».

« Nous demandons aux Congolais de ne pas céder à la peur et aux intimidations, tant qu’ils luttent dans la non-violence pour leurs droits et leur dignité. Nous ne devons pas donner raison à ceux qui croient utiliser l’oppression pour nous subjuguer pour toujours », concluent les activistes de LUCHA.