28 août 2015

Infantilisation

A320  de Congo Airways
A320 de Congo Airways

La fanfare et les trompettes n’ont pas retenti à l’aéroport internationale de N’Djili le 25 août 2015. Car, le deuxième Airbus A320 de Congo Airways annoncé n’a pas quitté l’Irlande. Les officiels ont tempêté, chacun, en « monoko ya mboka (langue maternelle) ».

Explication : la veille, la justice irlandaise venait de bloquer cet avion à la demande d’une société américaine, Miminco LLC. L’État congolais lui doit encore 11,7 millions de dollars sur une dette convenue à treize millions. Pour rappel, le litige est né en 1997 lorsque les « Libérateurs Afdéliens », après avoir chassé Mobutu du « Palais des marbres » à Mont Ngaliema, ont dépossédé Miminco de ses deux mines, de ses dragues et des carats de diamant à Tshikapa ainsi que de son immeuble à Kinshasa.

Déboutés devant la justice locale, Miminco sera réhabilitée, en 2007, par le tribunal arbitral de Paris. La RDC a été condamnée mais n’aurait versé que le dixième et a … oublié le reste. La dette la rattrape en août 2015 au travers de l’A320 bloqué à Dublin (Irlande). Où hibernait alors le sacro-saint principe de la continuité de l’État ? Voyons comment la presse, pour sa part, a tenté d’infantiliser les citoyens.

Zélé, un journal ose une manchette du genre «La RDC est poignardée par un de ses fils». Il s’agit de l’Américain Mukendi. Le journal invite à le «honnir» car il s’est mis «à la solde des étrangers ». Un deuxième accuse Miminco de vouloir «porter un coup au programme de la Révolution de la modernité».

Un troisième affirme, dans sa Une, que «la pelle qui a déterré ce dossier vieux de 18 ans est partie de Kinshasa, expédiée par les bénéficiaires du monopole de fait au profit d’une seule société aérienne qui dicte sa loi à tout un pays». Un seul journal a sauvé l’éthique. Il a soutenu que Congo Airways est «victime des pots cassés par des intouchables».

Coup de grâce : le gouvernement a douché les laudateurs, avouant publiquement, le 26 août, avoir oublié de payer le solde. Moralité : le mensonge d’un individu l’avilit. Le mensonge de la presse tue … des générations.

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