RDC : la prison de Makala est un « mouroir », selon J.B. Ewanga
Jean-Bertrand Ewanga a, lundi 10 août 2015 à Kinshasa, qualifié de « mouroir », la prison centrale de Makala (PCM) où il a séjourné pendant douze mois, dans des conditions « inhumaines ».
« Makala est un mouroir. J’ai été à maintes reprises choqué de vivre des cas de violations manifestes des principes élémentaires du Code pénal », a témoigné l’ancien pensionnaire de la prison.
Au cours d’un point de presse, il a dénoncé « l’arbitraire, la corruption, la pratique de la torture et les traitements dégradants » dont il a été témoin dans ce lieu carcéral. Par la même occasion, le secrétaire exécutif de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe a annoncé la publication prochaine d’un ouvrage consacré totalement à son séjour carcéral.
Arrêté le 5 août 2014, il a été libéré jeudi 30 juillet 2015, après avoir été condamné par la Cour suprême de justice (CSJ), le 11 septembre 2014. Ewanga a ainsi purgé douze mois de servitude pénale principale (SPP) pour « outrage au chef de l’Etat, aux présidents des deux chambres du Parlement et au premier ministre de la République démocratique du Congo ».
Surpopulation carcérale
Le 1er juin 2015, l’ONGDH « Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) » avait publié un rapport, le 6e de la série, sur les conditions de détention des prisonniers, voire ceux en détention préventive en RDC.
« Malgré les états généraux de la justice tenus du 27 avril au 2 mai 2015 sur l’amélioration de la justice et des services pénitentiaires, la justice en RDC souffre de la non-application de la plupart des résolutions issues de ces assises. », avait relevé, dans ce rapport, Emmanuel Cole, président de la FBCP.
La même source avait souligné que la PCM était construite par le pouvoir colonial belge pour une capacité d’accueil de 1 500 personnes. Mais, elle compte aujourd’hui une population carcérale évaluée à 6 678 individus, dont 1 673 condamnés et 4 697 prévenus.
Mandat « sans prolongation »
Dix jours après sa libération de la prison centrale de Makala, Jean-Bertrand Ewanga, a renouvelé sa détermination à poursuivre la lutte pour « la culture de l’alternance démocratique à travers la tenue, dans les délais, de l’élection présidentielle ».
Pour Ewanga, le second et dernier mandat constitutionnel du président Joseph Kabila qui arrive à terme, le 19 décembre 2016, n’ a aucune possibilité de prolongation ou de quelconque glissement ».
Ewanga s’est dit « calme et serein » après sa libération. Pour lui, l’alternance démocratique en RDC ne peut être « ni retardée, ni reculée, encore moins négociée par qui que ce soit ».