Dialo en RDC-Comité préparatoire : Edem Kodjo entre forcing et boycott

24 août 2016

Dialo en RDC-Comité préparatoire : Edem Kodjo entre forcing et boycott

Le Facilitateur Edem Kodjo entouré du Groupe de soutien au Dialogue
Le Facilitateur Edem Kodjo entouré du Groupe de soutien au Dialogue

L’ouverture des travaux préparatoires du Dialogue présage du climat pas du tout paisible dans lequel se déroulera celui-ci.

Le train aurait-il, enfin, quitté la gare pour la tenue effective d’un Dialogue voulu « inclusif » en République démocratique du Congo (RDC) ? En tout cas, le coup d’envoi des travaux préparatoires a été donné, mardi 23 août 2016, à Béatrice Hôtel de Kinshasa, par le facilitateur togolais Edem Kodjo, émissaire de l’Union africaine.

La séance d’ouverture a été marquée par une certaine agitation. En effet, après l’allocution d’Edem Kodjo, un membre de la société civile s’est mis debout. Et a ensuite demandé avec insistance une motion. Kodjo fait la sourde oreille puis lève la séance. S’ensuit un vacarme qui se propage crescendo dans la salle. Des menaces sont proférées par les membres de la société civile, exprimant leur envie de boycotter le Dialogue et d’y faire échec.

Boycott

« M. Kodjo est mal parti. Il se substitue à la société civile en prenant la liste des membres de son cabinet pour les reconduire dans le quota de la composante société civile », a dénoncé Joseph Zababe de la société civile qui dit ne pas comprendre comment Edem Kodjo peut se permettre de prendre une telle initiative. « Nous le récusons et rejoignons le Rassemblement dans sa position», a-t-il crié.

Sur un ton révoltant, Dr Bonganga Diema, président de l’Organisation des leaders des forces sociales et démocratiques, affirme que « M. Kodjo avait nommé quelques personnalités de la société civile pour son bureau de travail à la préparation du Dialogue. Il les a donc assimilées à la composante +Société civile+. Kodjo est resté égal à lui-même : générateur et producteur des conflits », a-t-il expliqué. Et ce, en dépit de plusieurs recommandations et listes qui lui ont été envoyées par les acteurs de la société civile.

Et si Kodjo ne reconsidérait pas leur liste ? « S’il persiste dans son endurcissement, nous allons statuer maintenant pour le récuser comme l’a fait le Rassemblement. Car, la Majorité et l’Opposition qui sont avec Kodjo, ont fait de nous des radicaux. Et dans ce pays on n’écoute que des radicaux », a déclaré Bonganga Diema. Voilà pourquoi, ajoute-t-il, « nous demandons le départ immédiat et sans condition d’Edem Kodjo »

Forcing ?

Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, dit n’avoir « aucun commentaire sur l’initiative qui n’est ni de la Majorité ni du gouvernement ». Il estime que « ce n’est pas le moment de renouveler ces manifestations infantiles de rejet de toute recherche d’un consensus ».

Pour la jeunesse congolaise, oubliée à ces assises, le message est clair : rien ne se passera en RDC sans elle. « Il faut que toutes les parties impliquées dans la crise congolaise (Majorité, Opposition, Société civile) soient représentées dans leur ensemble. Et la jeunesse ne peut pas être mise à l’écart de ce processus. Nous n’accepterons pas et nous ne nous laisserons pas faire », a indiqué pour sa part, Dezy Masadi de la Coalition de la jeunesse congolaise.

De l’avis de certains observateurs, Edem Kodjo ayant refusé d’entendre la société civile en levant la séance, sans rien dire, veut « à tout prix » aller à un forcing. Comme qui dirait : « le chien aboie, la caravane passe ». Et c’est là le danger.

En tout état de cause, le début agité des travaux du Comité préparatoire, ce mardi, est un signal fort qui présage un avenir sombre pour l’aboutissement du Dialogue. Kodjo et les autres parties prenantes ont encore le temps d’apaiser les esprits des futurs participants pour un atterrissage en douceur des travaux. Au cas contraire, le pire est à craindre.

 

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