Rudes tractations chez Samy Badibanga

19 novembre 2016

Rudes tractations chez Samy Badibanga

Samy Badibanga
Samy Badibanga

Des nouvelles en provenance des dialoguistes du camp Tshiatshi ne sont pas du tout rassurantes. Des tractations s’annoncent déjà très rudes pour espérer trouver un poste au sein du gouvernement dit de large union nationale que devra former Samy Badibanga Ntita, Premier ministre nouvellement nommé par Joseph Kabila en remplacement de Matata Ponyo.

Des indiscrétions font état d’un nombre impressionnant de coups de fil reçus par le Premier ministre ces dernières 48 heures. On signale même certains « surdoués » parmi les nouveaux demandeurs d’emploi.

Autre chose, c’est que Samy Badibanga n’aurait pas besoin de « curriculum vitae » pour identifier les bons candidats ministrables. Seulement, les prétendants aux différents postes oublient que  Badibanga n’a pas le plein pouvoir de nommer. Ils ne peuvent que prendre leur mal en patience, le temps que les quotas soient définitivement définis par différentes forces politiques en présence.

Aussi, il faut bien s’assurer que l’on ne viole aucune disposition de l’accord politique conclu à l’issue du dialogue politique, organisé à la cité de l’Union africaine. Ne sont éligibles aux postes ministériels que ceux qui ont signé l’accord politique.

Mais seulement voilà, la nomination au sein du gouvernement Badibanga sera faite non seulement au regard du poids politique, mais aussi en fonction de la capacité des uns et des autres à apporter des solutions aux problèmes de l’heure. Tout compte fait, ceux qui ont la boulimie des postes ministériels n’ont que leur foi pour figurer sur la liste des heureux élus.

Qu’à cela ne tienne, le gouvernement Badibanga sera confronté à d’énormes défis. Entre autres l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes dans un temps relativement court. Une tâche qui s’annonce difficile, surtout quand on sait qu’à ce jour, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a besoin des moyens conséquents pour l’organisation d’un cycle complet des élections.

Le prix de la traitrise

La trahison. S’il fallait encore rechercher une preuve  au sein de la classe politique congolaise, la voilà : Samy Badibanga, fraichement nommé Premier ministre, l’est devenu de ce fait. Inconnu dans la sphère politique congolaise, le successeur de Matata Ponyo va se faire remarquer  lors des législatives nationales de 2011. Sous la casquette du candidat de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti politique de l’opposant historique, Etienne Tshisekedi.

Elu dans la foulée des élections caractérisées par de graves irrégularités, ce « Congolais de la diaspora » – comme Kinshasa appelle ceux qui vivent à l’extérieur – refuse d’obéir  au mot d’ordre du président de son parti demandant à tous les députés de l’UDPS de ne pas siéger  à l’Hémicycle du Palais du Peuple. Premier acte de traitrise. L’homme a changé. Le décor aussi.

Alors que tous les députés « indisciplinés » de l’UDPS ont été officiellement désavoués par leur parti, l’homme qui a trouvé grâce aux yeux de Joseph Kabila, continue toujours de se faire valoir la qualité du député national de l’UDPS, soufflant de ce fait, le chaud et le froid. Au point qu’il est  devenu une arme stratégique que la Majorité présidentielle peut à tout moment brandir, pour abattre « politiquement » le Sphinx de Limete. C’est d’ailleurs ce qui vient de se produire.

Nommé à la tête de la Primature dans un contexte politique aussi grave que la Majorité présidentielle minimise, cet ancien homme de confiance de « Tshitshi » aura, une fois de plus, porté un coup d’estocade à son maître.  Deuxième acte de traitrise.

Jusqu’au bout, le nouveau Premier ministre n’aura pas fini de trahir. Ce qui n’est une vertu ou une pratique à encourager dans le jeu politique, où la discipline et la loyauté sont de mise.

Schéma Birindwa

Pris dans le contexte de l’indiscipline politique, beaucoup s’interrogent sur l’avenir ou même le kilo de l’équipe gouvernementale dirigée par  celui qui  ne résiste pas devant la tentation. « Qui a trahi trahira ». Pas étonnant que cet adage s’applique sur ce nouveau  Premier ministre, dont la nomination intervient à un mois de la fin du mandat du président de la République.

Cette décision tient d’une tactique politique. C’est Etienne Tshisekedi et le Rassemblement qui sont visés. Comme en 1993, Joseph Kabila s’est inspiré de la recette Mobutu qui, pour le même objectif, s’était servi de Faustin Birindwa.

Curieusement, comme en 1993, Samy Badibanga se retrouve parfaitement dans le schéma de Faustin Birindwa. Les deux ont quelque chose en commun : leur appartenance à l’UDPS. Tous deux ont dû se détourner de Tshisekedi pour se faire nommer Premier ministre. L’histoire retiendra que le mandat de Birindwa a été chaotique.

En misant sur Badibanga, Kabila ferait-il mieux que Mobutu, il y a 23 ans ? Que dire du deal Kabila – Badibanga ? Wait and see. Mais, le plus évident est que le chef de l’Etat a fini par se plier au schéma tracé par les caciques de la Majorité présidentielle (MP).

 

 

 

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