RDC : au moins 375 violations des droits de l’homme commises lors d’attaques des ADF à Eringeti

17 décembre 2015

RDC : au moins 375 violations des droits de l’homme commises lors d’attaques des ADF à Eringeti

De gauche à droite: José Maria Aranaz, directeur du BCNUDH en RDC et Charles Bambara, directeur de l'Information publique de la MONUSCO
De gauche à droite: José Maria Aranaz, directeur du BCNUDH en RDC et Charles Bambara, directeur de l’Information publique de la MONUSCO

Une enquête judiciaire conjointe de l’ONU et l’auditorat militaire de garnison de Beni-Butembo, menée du 3 au 12 décembre 2015 en République démocratique du Congo (RDC), confirme « 375 violations des droits de l’homme commises lors des attaques des ADF à Eringeti, territoire de Beni (Nord-Kivu).

Dans un communiqué publié, mercredi 16 décembre 2015 à Kinshasa, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC (BCNUDH) et la Section d’appui à la justice et à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO ont appuyé, du 3 au 12 décembre 2015, une enquête judiciaire de l’auditorat militaire de garnison de Beni-Butembo, à Eringeti et dans les sites de déplacés environnants, dans le territoire de Beni, province du Nord-Kivu.

L’objectif poursuivi était de mener des enquêtes approfondies sur les circonstances des attaques systématiques perpétrées le 29 novembre 2015 par des combattants des Forces Démocratiques Alliées (Allied Democratic Forces – ADF) contre la population civile, les forces armées congolaises et les casques bleus de la MONUSCO. Au cours de cette enquête judiciaire conjointe, « 233 sources ont été interviewées dont 225 victimes (145 femmes et six mineurs) », indique le communiqué.

Au total, 375 violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire ont été documentées, parmi lesquelles: « 25 cas d’atteinte au droit à la vie, dont 13 femmes et deux mineurs ; six cas d’atteintes à l’intégrité physique, dont quatre femmes ; trois cas d’enlèvement suivis de travaux forcés, dont deux mineurs ; 244 cas d’atteinte au droit à la propriété (pillages); 93 cas d’atteinte au droit à la propriété (incendie volontaire de cinq pharmacies, une radio communautaire, 12 dépôts de vivres et 17 boutiques) ; un cas de violation du droit international humanitaire (occupation, pillage, incendie, tentative d’incendie et destruction du centre de santé de référence) ; trois cas de tentatives de meurtre dont toutes les victimes sont des femmes », a rapporté le BCNUDH.

Selon le directeur du BCNUDH en RDC, Jose Maria Aranaz, « les résultats de l’enquête conjointe confirment les attaques systématiques d’une extrême cruauté commises de manière indiscriminées par les combattants de l’ADF contre la population civile, ce qui est constitutif de graves violations du droit international humanitaire ».

Un peu d’eau dans le vin

Ce Rapport du BCNUDH contre les rebelles de l’ADF, vient calmer les esprits des autorités congolaises, surchauffés suite au récent rapport annuel du même Bureau de l’Onu sur les graves violations pré-électorales des libertés fondamentales commises entre le 1er janvier et le 30 septembre 2015. Ledit Rapport indexait le gouvernement congolais et les forces de l’ordre.

Par ailleurs, comme pour mettre un peu d’eau dans le vin et équilibrer la tendance, Jose Maria Aranaz a félicité les autorités congolaises pour leurs efforts visant à ce que « les combattants des groupes armés responsables de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire soient poursuivis et traduits en justice devant les juridictions nationales ou internationales ».

Mais, les attaques des combattants de l’ADF contre la population civile de Beni avait déjà fait l’objet d’un rapport public du BCNUDH publié le 13 mai 2015. Ce rapport avait révélé qu’entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, « au moins 237 civils, dont 65 femmes et 35 enfants, ont été tués, 47 civils blessés, 20 civils enlevés et deux civils victimes de violences sexuelles par des combattants de l’ADF dans le territoire de Beni, au cours de leurs attaques sur 35 villages ».

Le directeur du BCNUDH en RDC a rappelé le « besoin urgent de neutraliser sans délai l’ADF pour mettre en fin à l’insécurité inacceptable à laquelle doit faire face la population civile de Beni ».

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