La RDC et la Monusco face aux défis de restauration de l’autorité de l’Etat

5 octobre 2015

La RDC et la Monusco face aux défis de restauration de l’autorité de l’Etat

Le général Baillaud, en compagnie des officiers des FARDC à WXalikale, dans les opérations SokolaII
Le général Baillaud, en compagnie des officiers des FARDC à Walikale, dans les opérations SokolaII

La République démocratique du Congo (RDC) a connu plusieurs années de guerre et conflits armés, à la base des défis majeurs dans la restauration de l’autorité de l’Etat.
Au-delà de sa contribution dans le processus de pacification du pays, la Monusco insiste sur la nécessité de coordonner les opérations militaires avec les FARDC dans l’éradication des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) pour relever ces défis opérant dans l’Est de la RDC.

Dans le cadre de la célébration des 70 ans d’existence de l’Organisation des Nations Unies (Onu), la Division de l’Information publique de la Monusco a organisé, le vendredi 02 octobre 2015 à Kinshasa, une séance d’information avec quelque 150 étudiants finalistes en Droit et Sciences politiques de plusieurs universités de la capitale congolaise sous le thème : « L’ONU et les défis de la restauration de l’autorité de l’Etat en RDC ».

Les représentants de quelques composantes de la Monusco les ont suffisamment informés sur la présence de l’Onu en RDC, son mandat, ses priorités, son bilan, etc. Dans la salle, c’est l’exposé du commandant de la Force de la Monusco, le général-major Jean Baillaud, qui a le plus attiré l’attention de l’auditoire.

Actuellement, la Monusco se concentre sur quatre priorités devant guider le travail de toutes ses composantes : « combattre les groupes armés grâce à des efforts conjoints civils-militaires ; une restauration durable de l’autorité de l’Etat ; les élections et les droits de l’homme ».

Résolution 2211

Ces priorités sont consignées dans la dernière Résolution (2211) du Conseil de sécurité de l’ONU sur la RDC, laquelle a un caractère hautement politique.

Elle recommande, notamment, « la réduction de la menace causée par les groupes armés congolais et étrangers ; la stabilisation, avec l’établissement d’institutions étatiques, par les pratiques démocratiques renforcées qui réduisent les risques d’instabilité, avec un espace politique adéquat, la promotion et la protection des droits de l’homme ainsi qu’un processus électoral crédible ».

Le général-major Jean Baillaud a souligné que la Force de la Monusco a le double mandat d’« agir conjointement avec l’Armée congolaise et d’agir d’une façon unilatérale ». Concrètement, elle peut, si c’est nécessaire, « agir seule sur terrain sans la participation des FARDC ».

C’est le cas, par exemple, à Walikale au Nord-Kivu où la Monusco est « intervenue unilatéralement pour appuyer des acteurs régionaux, après plusieurs demandes de ces derniers », a rappelé le Commandant la Force, qui a relevé « la difficulté d’engager de telles actions militaires ».

Entre civils et agresseurs

« Les FARDC ont une valeur ajoutée. Ce sont des renseignements, la connaissance du territoire et de la langue. Nous ne connaissons pas la langue mais, nous avons aussi notre valeur ajoutée : des moyens techniques, des hélicoptères d’attaque qui sont à la disponibilité des FARDC pour les utiliser», avait expliqué, mercredi 23 septembre, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en RDC, Martin Kobler.

Selon Jean Baillaud, un autre aspect de la difficulté des opérations unilatérales, c’est le fait que les interventions militaires se déroulent souvent dans des zones où vivent les populations civiles. Et où, de surcroit, les agresseurs se confondent souvent dans ces populations ou en s’habillant en tenue de l’armée nationale.

Au risque de se tromper d’ennemis, cette situation donne du fil à retordre aux Casques bleus qui sont censés, en priorité, protéger les populations civiles. D’où, « le seul mode opératoire le plus efficace, c’est la coordination des opérations conjointes avec les FARDC car au-delà de la logistique et de l’expertise de la Force onusienne, on a le devoir d’adapter nos capacités aux opérations sur terrain », a insisté le général Baillaud.

Contraste

A ce jour, au moins 97% des effectifs de la Monusco sont installés à l’Est du pays. C’est là aussi que les étudiants ne comprennent pas ce contraste. Ils se demandent, comme tout autre observateur, « comment enregistre-t-on plus d’exactions et de massacres là où la présence militaire est le plus renforcée ».

Certes, c’est un défi pour la Mission, reconnaît le général Baillaud. Toutefois, il dit avoir « confiance dans un processus ». Tout en louant les progrès réalisés par les FARDC, Jean Baillaud affirme qu’ « il n’y a pas, à ce jour, un seul groupe armé qui constituerait une menace en termes d’organisation ».

Cependant, pour mettre un terme aux atrocités perpétrées par les groupes armés, le Commandant de la Force de la Monusco pense qu’« il faut aller à la source du problème, en procédant au démantèlement des auteurs et des commanditaires ».

Car, croit-il savoir, « un groupe de 100 personnes ne peut pas rester dans une forêt sans avoir un soutien ailleurs ». Aussi, dénonce-t-il une « complicité sur les plans local, national et international ».

Pour cela, la Monusco – dont la Brigade d’intervention a failli dans la protection des civils lors des massacres de 37 personnes à Mutarule (Sud-Kivu), le 06 juin 2015 – pense que « c’est uniquement par la conjugaison des efforts du Gouvernement, de la population et de la Monusco qu’on peut arriver à une paix durable en RDC».

« Le défi est notre efficacité face à la réalité », a déclaré le général Baillaud qui a, du reste, dressé « un bilan plutôt positif de la Monusco dans la restauration de l’Etat de droit, des droits de l’Homme, la neutralisation des groupes armés et le processus des élections ».

Partagez

Commentaires