Fosse commune à Kinshasa, quand la Communauté internationale s’en mêle

9 avril 2015

Fosse commune à Kinshasa, quand la Communauté internationale s’en mêle

Des tombes au cimetière de Kintambo
Des tombes au cimetière de Kintambo

L’affaire d’une fosse commune découverte à Maluku, continue de défrayer la chronique en RDC. Ces derniers jours, plusieurs voix nationales et internationales se sont levées pour exiger une enquête indépendante sur ce sujet.

Après les déclarations de plusieurs personnalités et ONG de défense des Droits de l’homme exigeant une enquête minutieuse et indépendante sur cette « fameuse » Fosse commune découverte dans la Commune urbano-rurale de la périphérie Est de Kinshasa (Maluku), les Nations unies et toute la Communauté internationale s’en sont mêlées.
Le Bureau conjoint de l’Onu aux Droits de l’homme (BCNUDH) et la Mission onusienne en République démocratique du Congo (Monusco) ont promis de « tout mettre en œuvre pour que l’enquête parvienne à élucider le mystère qui se cache derrière la fosse commune de Maluku », a rassuré, mercredi 08 avril, Charles Antoine Bambara, porte-parole de la Monusco.

« Ce n’est pas parce que ce sont des indigents qu’ils doivent être mis dans une fosse commune », a déclaré, le même jour, Cécile Kyenge, vice-présidente de l’Assemblée parlementaire de l’Union européenne-Afrique Caraïbe-Pacifique, en séjour à Kinshasa. Le vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, Evariste Boshab avait expliqué vendredi 03 avril qu’il s’agit des corps des indigents, réfutant les allégations selon lesquelles les corps inhumés seraient ceux des victimes des manifestations de janvier dernier à Kinshasa contre une proposition de loi électorale qui était alors en discussion au Parlement.

Que s’est-il passé à Maluku ?

« Malgré la réponse du ministre qui dit que ce sont des personnes qui ont été abandonnées, on croit quand même qu’elles ont droit à un enterrement digne d’une personne humaine », s’est désolée Cécile Kyenge. Et de conclure que, « vu qu’on nous a révélé qu’il y a d’autres fosses communes, qu’on sache si ces personnes sont mortes d’une mort naturelle ou s’il y a des liens avec certaines disparitions ».

Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, est vite monté au créneau pour exiger aussitôt « une enquête indépendante et crédible ». Et, Alexander De Croo, Vice-Premier et Ministre de la Coopération, a aussitôt accepté d’accorder 1,5 million d’euros au BCNUDH pour mener cette enquête. « Cette découverte de plus de 420 cadavres pose de très nombreuses questions auxquelles la population congolaise et la Communauté internationale sont en droit d’attendre des réponses », souligne le communiqué de presse conjoint de ses deux autorités belges.

Les Etats-Unis qui se disent « troublés par la violence des manifestations, l’ampleur des pillages, des arrestations illégales, et des sévices contre les manifestants », appellent « toutes les forces de sécurité congolaises, ainsi que les membres de la société civile et de l’opposition, à faire preuve de retenue et à s’abstenir d’actes de violence » a déclaré ce jeudi, la porte-parole du département d’Etat américain, Jen Psaki.
Sur cette énigme, des commentaires vont dans tous les sens. Et, chacun y va à sa manière pour tenter de pénétrer le mystère autour de cette affaire. Le gouvernement n’a pas entendu trop longtemps pour livrer sa version des faits. C’est le ministre de l’Intérieur qui s’est lancé, le premier, dans l’arène. D’autres, notamment, les autorités politico-administratives de la ville de Kinshasa, lui ont emboité le pas.

Faire éclore « toute la vérité »

Mais les déclarations des uns et autres n’ont pas dissipé totalement les malentendus qui entourent cette affaire. Si bien qu’une enquête indépendante devient incontournable pour faire toute la lumière sur ce qui s’est réellement passé dans ce cimetière perdu de Maluku. Sont-ce des indigents récupérés dans différentes hôpitaux de Kinshasa ou des personnes exécutées sommairement ? L’enquête que les Nations unies ont promis de superviser devait, à terme, répondre à cette question.

C’est dire que le monde se mobilise autour de cette affaire. Dans la population, l’on ne souhaite qu’une seule chose : faire éclore « la vérité et toute la vérité ». Car, plus de 400 personnes enterrées dans une fosse commune, ce n’est nullement une mince affaire. Rien par le poids émotif de l’acte, il y a de quoi exiger des comptes au gouvernement.

Par ailleurs, le gouvernement ferait-il mieux de se mettre totalement à l’écart de l’enquête qui va être diligentée. Le lieu du drame doit en principe être sécurisé pour empêcher une manipulation des preuves. Il ne faudrait pas que Kinshasa tombe dans le piège de tous ceux qui, de l’intérieur ou de l’extérieur, lui cherche noise. En laissant mains libres aux enquêteurs, Kinshasa se serait déjà dédouaner de tous les soupçons qui pèsent sur lui. Que s’est-il donc passé à Maluku ? Les prochains jours nous révéleront plus.

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