Nord-Kivu : Les enfants jouent bien au Mendiant que leurs parents à Goma

23 janvier 2014

Nord-Kivu : Les enfants jouent bien au Mendiant que leurs parents à Goma

Eric et son frère le long d'une route à Goma
Eric et son frère le long d’une route à Goma

Ce dernier temps dans la ville de Goma (Nord-Kivu), dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), s’observe un phénomène tout inhabituel. Des enfants qui succèdent à leurs parents,  jouent très bien au Mendiant que leurs parents de qui, ils ont hérité ce métier. Ces derniers se tenaient le long des artères publiques toute la journée, tendaient la main à chaque passant pour lui  demander  une aumône, en espèce ou en nature.

Tout ce que ces mendiants percevaient comme gain, leur permettait de subvenir tant soit peu aux besoins de leurs familles.

Mais, les parents ne sont pas décédés encore moins, ils n’ont pas vieilli. C’est tout simplement la stratégie qui a changée, le changement de rôle. Les parents envoient les enfants en âge de scolarité dans les rues pour prendre la relève de ce métier.

C’est le cas d’Eric (9ans) et de son jeune frère qui dort par terre soit disant « il est trop affamé » ou peut être « malade », rencontrés sur la route principale de l’Intigo, dans le centre-ville de Goma.  

« Nos parents sont malades et  n’ont personne pour les aider. Nous sommes leur  seul espoir pour avoir quelque chose à manger, c’est pourquoi nous sommes dans la rue », a confié d’un air bien malheureux, Eric.

Et ça marche ?

Visiblement, toute personne qui passe à coté d’eux est quasiment prise d’un sentiment de pitié et voudrait bien aider ces enfants, vu la situation dans laquelle ils se retrouvent.

Le décor est bien planté pour attirer les clients. Le tout dort sur l’autre et ce dernier est entrain de tendre la main  aux passants, comme pour leur dire de faire quelque chose en leur faveur.

En général, ce que cet enfant reçoit est inférieur à l’équivalent d’un dollar américain (soit 500 FC). Une somme modique.

Pour certaines personnes qui viennent au chevet de ces enfants, ils trouvent que « c’est une façon de combler le vide du travail du gouvernement, moins efficace dans l’intervention à la vie sociale des familles qui n’ont ni habitation, ni travail, encore moins, une activité pouvant leur permettre à survivre », a expliqué Kakule, un fonctionnaire de l’Etat.

C’est l’ultime espoir de toute la famille

Selon ces enfants mendiants, l’argent perçu grâce à la mendicité, « c’est l’ultime espoir de toute la Famille ». S’ils ne se rendent pas dans la rue, affirment-t-ils, « ce jour là toute la famille sera frappée par la faim ».

Ces petits mendiants ne veulent pas se rendre dans les orphelinats comme c’est le cas d’autres enfants pauvres qui trouvent refuge dans ces structures sociales pour être encadrés. Selon Eric, « là, il y a une autre forme de souffrance. C’est mieux de rester sur la voie publique, on trouve toujours quelque chose »

Il faut noter que ce phénomène des enfants mendiants prend de l’ampleur non négligeable dans les rues de Goma. Cette ville compte à elle seule plus d’une centaine d’organisations humanitaires. Et ces ONG collectent chaque année des millions pour ce travail d’assistance aux vulnérables.

Par ailleurs, certaines sources indiquent que c’est rare de trouver ces ONG « œuvrer d’une manière sérieuse en faveur des gens, les plus pauvres de la société ». Elles affirment aussi que « les autorités politico-administratives ne se prononcent pas souvent à ce sujet du fait ‘opération retour au calme’ ».

En outre,la question qui reste pendante est celle de savoir « pourquoi les parents de ces enfants ont-ils démissionné à leur métier pour qu’ils puissent charger leurs enfants, encore mineurs, à prendre la relève ? » Affaire à suivre !

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