56 ans après son indépendance, la RDC peine à décoller

30 juin 2016

56 ans après son indépendance, la RDC peine à décoller

Carte de la RDC
Carte de la RDC

30 juin 1960-30 juin 2016, il y a donc 56 ans que la RD Congo est indépendante. Est-ce que les 70 millions de citadins et de villageois ressentent, au même degré, la fierté d’être ce qu’ils sont ? Ont-ils connu des dirigeants modèles ? Rétroviseur.

En 1960, Joseph Kasa-Vubu devient le premier président du Congo indépendant, après sa colonisation par la Belgique. Et Patrice Emery Lumumba, un personnage imprévisible, Premier ministre. Inexpérimentés et manipulés, ils engagent un bras de fer qui sacrifiera Lumumba. Kasa survivra aux turbulences politiques : sécessions, rébellions. En 1965, néanmoins, il tente d’ériger des obstacles à la victoire virtuelle de Moïse Tshombé à la présidentielle. Le lieutenant Mobutu écarte l’un et l’autre.

Soutenu par la CIA, Joseph Désiré Mobutu règne sans partage durant 32 ans. Mais, sous la pression populaire et la perestroïka, il feint l’ouverture démocratique en 1990. Peu après, le réflexe autoritaire le rattrape et il multiplie des manœuvres dilatoires pour s’éterniser au pouvoir. Sa chute et sa fuite, en mai 1997, seront lamentables. Dans l’imagerie populaire, il est passé, sans transition, de bâtisseur au démolisseur du Zaïre.

En 1997, le rebelle Laurent Désiré Kabila sort du maquis et sonne le glas pour Mobutu. Il est porté au pouvoir par la coalition armée rwando-ougandaise, supervisée par Washington. Visiblement adepte de l’image de «l’homme fort», Laurent Désiré Kabila est assassiné trois ans plus tard. La conspiration porte la signature de ceux qui l’avaient fait roi.

Joseph Kabila hérite du pouvoir en janvier 2001. Le jeune président, lucide, relance le processus démocratique. Une Constitution est promulguée. Des élections libres sont tenues en 2006 et 2011. Curieusement, à l’approche de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, Joseph Kabila est tenté par Joseph-Désiré Mobutu. Les mêmes causes, dit-on, produisent les mêmes effets. Quid d’un pays plus beau qu’avant le 30 juin 1960 ?

56 ans après

56 ans après l’indépendance de la RDC la souveraineté nationale n’existe que sur papier. Il est ridicule de se voiler la face pour ne pas reconnaître que ce pays n’a jamais joui pleinement de sa souveraineté. Laquelle n’est d’ailleurs qu’un vain mot. Et lorsque que les politiques congolais, chantent la souveraineté nationale et internationale de la RDC, faut-il en rire ou en pleurer ? Car, de Joseph Kasa-Vubu à Joseph Kabila, en passant par Joseph-Désiré Mobutu et Laurent-Désiré Kabila, la souveraineté du pays a toujours été mise à rude épreuve. C’est dire que, du 30 juin 1960 égale à avant 30 juin 1960.

On a la nette impression que, depuis le départ des colons belges jusqu’au régime actuel, le  Congo est pratiquement sous-tutelle. L’immensité du pays, sujet à la balkanisation jusqu’aujourd’hui, et ses inestimables ressources aussi bien du sol que du sous-sol font de la République démocratique du Congo (RDC) une « chasse gardée » de l’Occident tant politique qu’économique, même s’il est bousculé un peu par la Chine, notamment sur le plan économique.

Néo-colonialisme

Ce qui fait que la plupart de pays africains, dont la RDC, ne sont pas épargnés par le néo-colonialisme. Les puissances, notamment occidentales, se sont toujours ingérées dans les affaires intérieures des États, surtout africains où leurs intérêts doivent absolument être préservés.

Aussi, au nom de ces intérêts, soutiennent-ils les chefs d’État qui leur obéissent au doigt et à l’œil. Au cas contraire, souvent par multinationales interposées, les pays occidentaux leur créent des insomnies en suscitant une ou des rebellions pour chercher à chasser les têtes de mule du pouvoir. Ou pour exploiter illégalement les richesses naturelles, les conflits armés aidant dans les parties du pays convoitées. La RDC en fait les frais.

Défis 

Le 30 juin 1960, les Congolais avaient poussé  un ouf de soulagement, au motif qu’ils venaient de sortir du joug colonial avec son cortège d’humiliations. «… Longtemps courbés. Et pour de bon, prenons le plus bel élan… ». Une lecture attentive de notre hymne national suffit pour se rendre compte de la détermination des Congolais à retrouver leur dignité. Une prise de conscience qui devrait se manifester par un travail ardu. Avec l’impréparation des cadres, le changement tant souhaité a été une utopie.

Cela a été perceptible pendant la première et la deuxième Républiques. La raison est simple. Les colonisateurs n’avaient pas formé suffisamment d’intellectuels qui devraient prendre la relève. Une situation qui a eu des répercussions sur la gestion de la chose publique des années durant. Le peuple congolais, jadis brimé intellectuellement et soumis à l’obéissance aveugle pendant la colonisation, a perdu son esprit d’initiative et une grande partie de sa créativité naturelle. Après l’indépendance du pays, loin de chercher à corriger cet état de choses, les dirigeants se sont, au contraire, appuyés sur les conséquences des brimades coloniales pour renforcer cette soumission aveugle afin d’asseoir le pouvoir dictatorial.

Ce manque d’initiative persiste jusqu’à nos jours. Il a tellement envahi l’esprit des dirigeants qu’aucun fonctionnaire ne peut prendre une décision ou une initiative dans quelque domaine que ce soit, sans en référer préalablement à la hiérarchie qui en référera plus haut, jusqu’au sommet de la pyramide sociale où un homme débordé ne peut que donner des réponses approximatives et insuffisamment mûries.

Contre toutes attentes  

Au lieu de bâtir «un pays plus beau qu’avant»  comme souhaitéles  dirigeants du Congo indépendant l’ont plutôt plongé dans le gouffre. Conséquence : la misère et les conflits armés ont refait surface, surtout dans l’Est de la RDC. Entre-temps, le pays peine à décoller. En lieu et place de la réconciliation nationale, les acteurs politiques se livrent à des conflits de positionnement.  Malheureusement, c’est le peuple congolais qui paie les frais. Actuellement, le pays est en train de sombrer. Dans ces conditions, l’on se demande si l’on peut être fier de commémorer le 56ème anniversaire de l’indépendance.

Si l’on compare la RDC à un homme de 56 ans, il y a lieu de soutenir que le pays accuse un grand retard par rapport à son âge chronologique. Pire encore, on se rend compte que le Congo-Kinshasa qui devrait servir de modèle aux autres États de l’Afrique éprouve des difficultés pour son émergence. Que ce soit sur le plan politique, économique, social…, le pays de Lumumba est encore au stade de balbutiement. Bref, l’ancienne colonie belge est un pseudo adulte. Les Congolais doivent regretter le chemin parcouru, au regard du bilan enregistré jusqu’à ce jour.

Cette année 2016, qui est une année bilan, pour le deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila, voit les performances économiques se dégrader continuellement. Ce qui a poussé le gouvernement à réduire de 22% (de 8 à 6 milliards USD) son budget 2016 et baissé le taux de croissance économique de 9% à 6,6%. Sur le marché de change, le franc congolais se change à plus de 1000 FC pour 1 dollar américain contre 900 à 920 FC pour 1 dollar américain en janvier 2016.

Pauvreté

La conséquence de la contraction des recettes est notamment la faiblesse du pouvoir régalien de l’Etat. En 2016, le gouvernement a moins de moyens financiers pour faire face  aux besoins sociaux-économiques de la population. Déjà, dans le budget rectificatif 2016, il a été pris en compte la basse de train de vie des institutions de l’Etat. Il va s’en suivre logiquement cette année peu de projets accordés aux petites et moyennes entreprises qui contractent avec les institutions publiques.

En 56 ans d’indépendance, la pauvreté frappe toujours la grande majorité des Congolais, soit 63% des Congolais. Le chômage touche 52% de la population active. Le taux d’électrification reste en deçà de 10% alors que la moyenne en Afrique sub-saharienne est de 26%. La desserte en eau potable et en courant électrique accuse aussi un faible taux de 26%.

La RDC n’a pas atteint un seul des 8 Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2015. Les négociations sur le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) n’ont jamais abouti. Le fonctionnaire congolais le plus bas touche jusqu’à ce jour à peine 90 USD. Et le militaire approche à peine ce montant. Malgré l’âge de maturité atteint, la RDC n’est pas en mesure de remettre sur les bons rails toutes ses entreprises structurantes (SNEL, REGIDESO, SNCC, GECAMINES, SCPT, MIBA, RVA, RVF, LAC,

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