Greenpeace accuse le groupe Bolloré de menacer les forêts africaines

24 février 2016

Greenpeace accuse le groupe Bolloré de menacer les forêts africaines

Exploitation illégale de bois en RDC dans la forêt équatoriale
Exploitation illégale de bois en RDC dans la forêt équatoriale

Greenpeace publie « Menaces sur les forêts africaines », une enquête sur les plantations de la Socfin, détenue à 38,75% par le groupe Bolloré.

L’Ong internationale Greenpeace-France a publié, mardi 23 février 2016, à Amsterdam (Pays-Bas), un rapport sur les investissements du groupe Bolloré dans des plantations africaines. Greenpeace interpelle son PDG, Vincent Bolloré et l’exhorte à s’engager « immédiatement contre la déforestation ».

Par la même occasion, cette Ong a lancé, dans le cadre de sa campagne « Zéro Déforestation », une pétition demandant à l’homme d’affaires Breton, d’« user de son influence pour que la Société financière des caoutchoucs (Socfin) et le groupe Bolloré rendent publique, une politique de plantation zéro déforestation, crédible et respectueuse des droits des communautés locales couvrant l’ensemble de ses investissements dans le secteur ».

Le lancement de cette campagne a donné lieu à une première mobilisation des militants de Greenpeace-France autour d’un support original, les « autolib », chères à Vincent Bolloré. « Plus de 300 véhicules ont été décorés dans la nuit de lundi à mardi ».

Vincent Bolloré interpellé

Le jeudi 25 février 2016, à Amsterdam, une quinzaine de militants de Greenpeace-France ont déployé une banderole de 100 mètres carrés devant le siège du groupe Bolloré à Puteaux pour interpeller son PDG.

« Bolloré : dur en affaires, pas tendre avec les forêts », ainsi pouvait-on lire sur la banderole. Ce, pour signifier que le groupe Bolloré détient « 38,75% de la Socfin qui gère 185 000 hectares de plantations de palmiers à huile et d’hévéas en Afrique et en Asie du Sud-Est », l’Ong britannique.

Or, affirme Greenpeace, « contrairement aux plus importantes entreprises de plantations, la Socfin n’a pas de politique visant à prévenir la déforestation dans ses projets ».

« Notre objectif est que les forêts africaines ne connaissent pas le sort des forêts indonésiennes et malaisiennes. Les investisseurs doivent s’engager dès aujourd’hui à adopter des politiques zéro déforestation et le Groupe Bolloré ne peut pas se dédouaner de sa responsabilité à l’égard des pratiques de la Socfin », a insisté Cécile Leuba, chargée de campagne pour Greenpeace-France.

Menace sur le climat

Selon Greenpeace, les projets d’expansion des plantations de la Socfin dans une dizaine de pays, majoritairement africains, « menacent des forêts denses et écosystèmes » indispensables à la préservation des équilibres climatiques, à la sauvegarde de la biodiversité ainsi qu’au maintien des conditions de vie des populations locales.

Les plantations de palmiers à huile et d’hévéas constituent l’un des principaux moteurs de la déforestation. L’Afrique ne représente encore qu’un faible pourcentage de la production d’huile de palme ou de caoutchouc au niveau mondial, mais, on assiste actuellement à une véritable ruée sur les forêts africaines.

Au premier rang des planteurs en Afrique, la Socfin. Présente depuis plus d’un siècle sur le continent, ses principaux actionnaires sont le groupe Bolloré et l’homme d’affaires belge, Hubert Fabri (via des participations directes ou indirectes).

De nouvelles investigations de Greenpeace-France en République démocratique du Congo (RDC) et à Sao Tomé-et-Principe, démontrent que les concessions de la Socfin incluent des forêts primaires, mais aussi des forêts secondaires ou en régénération qui stockent d’importantes quantités de carbone. La Socfin serait également impliquée dans de nombreux conflits avec les communautés riveraines.

« Nous avons constaté que certaines concessions jouxtent des écosystèmes uniques comme à Sao Tomé où les plantations de la Socfin s’étendent au sein de la zone tampon d’un Parc naturel national abritant une biodiversité remarquable », souligne Cécile Leuba.

A Sao Tomé, les analyses réalisées par Greenpeace montrent que l’ensemble du carbone stocké dans les zones déboisées par Agripalma, la filiale de la Socfin, s’élevait à « plus de 600 000 tonnes d’équivalent CO2 ». C’est l’équivalent des émissions annuelles d’une petite centrale à charbon.

 

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