RDC: Un doigt accusateur pointe les FDLR dans le conflit Hutu-Nande

11 février 2016

RDC: Un doigt accusateur pointe les FDLR dans le conflit Hutu-Nande

Des rebelles FDLR à Pinga, dans  l’Est de la RDC  (Photo: Radio Okapi
Des rebelles FDLR à Pinga, dans l’Est de la RDC (Photo: Radio Okapi)

Depuis un certain temps, les Communautés Hutu et Nande, dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, se regardent en chiens de faïence.

Le gouverneur de province, Julien Paluku, accuse les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) d’être à la base des violences observées ces derniers jours entre les communautés Hutu et Nande dans le Sud de Lubero. Il a porté ces charges, mardi 09 février, lors des consultations qu’il a entamées à Miriki avec ces deux groupes ethniques. Cependant, les FDLR rejettent cette accusation. Alors que la Société civile de Lubero dénonce des manœuvres politiciennes.

« Lorsque nous avons parlé à toutes les communautés, il se fait que les rebelles hutu rwandais des FDLR constituent le problème central. Ils sont à l’origine des manipulations enregistrées dans la région. Ils se sont établis là-bas où ils ont créé une administration et même voulu changer le pouvoir coutumier de la place », a affirmé Julien Paluku.

À Lubero, le pouvoir coutumier est tenu par les Nande. A en croire les propos du gouverneur Paluku, les FDLR veulent y placer des chefs de leur obédience.

Faute d’autorité de l’État

« La grande disposition que nous venons de prendre ici avec l’armée, est de relancer très rapidement les opérations contre les FDLR et les Maï-Maï. Parce que les populations, de part et d’autre, ont tendance à chercher protection les unes chez les FDLR et les autres chez les Maï-Maï », a reconnu Julien Paluku.

Avant d’ajouter que « nous devrions coupler ce travail avec une enquête diligentée par les magistrats militaires pour que les tireurs des ficelles qui sont localisés même en dehors de cette région, soient identifiés et éventuellement, mis aux arrêts pour qu’ils cessent d’instrumentaliser les populations qui sont pourtant disposées à vivre en paix ».

Du côté des FDLR, l’on dément toutes ces allégations de l’autorité provinciale qui les accusant d’avoir massacré des gens, dimanche 07 février à Mukeberwa. Ils ont affirmé à Jeune Afrique qu’une faction dissidente de la rébellion hutu-rwandaise pourrait être impliquée. D’où, l’incertitude qui plane sur ce massacre. D’une source à l’autre, le bilan varie entre 15 à 32 personnes tuées dans ce village du Sud de Lubero.

Le RUD coupable ?

Les morts du week-end dernier seraient la conséquence de combats opposant les FDLR à deux milices congolaises (l’Union des patriotes pour la défense des innocents « UPDI », à dominante nande, et le Nduma defence of Congo « NDC » de Sheka, majoritairement nyanga).

« Dans ces endroits où il y a eu les affrontements, il n’y a aucun FDLR », confie à Jeune Afrique, La Forge fils Bazeye, porte-parole de la rébellion rwandaise. Le Cercle international pour la défense des droits de l’Homme, la paix et l’environnement (Ciddhope) soutient aussi que cette rébellion n’est plus présente dans la région. Sinon, seulement une faction dissidente y reste active : le Ralliement pour l’unité et la démocratie (RUD), du « général » Jean-Damascène Ndibabaje (alias Musare).

La Forge fils Bazeye assure que « depuis 2005, c’est une organisation à part » des FDLR, mais un rapport d’experts de l’Onu basé sur 2014 dément cette version. Il relève que le RUD et les FDLR ont combattu le NDC « à plusieurs reprises en mai-juin et en septembre-octobre 2014 ». Cinq anciens combattants du RUD interrogés évoquent, en outre, de « bonnes relations » entre ces deux groupes qui, selon un ex-officier du RUD et un employé de la Mission onusienne en RDC, ont même signé un « pacte de non-agression ».

Le RUD compterait quelque 650 hommes. « Il échangerait du chanvre contre des armes avec des militaires et des armes contre des minerais avec des Casques bleus », rapporte le secrétaire exécutif du Ciddhope, Delly Mbambu.

Par ailleurs, la Société civile des groupements Tama et Itala, au Sud de Lubero, propose l’organisation d’un dialogue social entre Nande et Hutu, pour mettre fin à l’escalade de violence entre ces deux communautés. Cette structure affirme qu’environ, une vingtaine de personnes ont été tuées, seize autres portées disparues, dix-neuf grièvement blessées et neuf cent et huit maisons incendiées au cours de ces tensions ethniques.

Elle accuse les autorités politico-administratives de mal gérer le conflit entre Nande et Hutu, estimant que les FARDC et la Monusco sont passives face à cette situation. C’est ainsi qu’elle propose aussi la délocalisation des ex-combattants FDLR cantonnés à Kanyabayonga, en vue de restaurer la paix entre ces deux communautés du Nord-Kivu.

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