RDC: Kabila, un appel au dialogue qui divise

2 décembre 2015

RDC: Kabila, un appel au dialogue qui divise

Le président de la RDCongo, Joseph Kabila, lors de la célébration de 50 ans de l'indépendance à Kinshasa le 30 juin 2020.
Le président de la RD Congo, Joseph Kabila, lors de la célébration de 50 ans de l’indépendance à Kinshasa le 30 juin 2020.

L’opposition se montre hostile au forum du Dialogue convoqué par le président Kabila. Elle y voit une manœuvre du pouvoir pour tripatouiller la Constitution.

L’opposition ne cache pas sa colère, elle estime que Kabila se trompe en convoquant ce forum et note que dans son discours à la Nation il n’a pas répondu aux attentes du peuple. Par contre, dans la Majorité présidentielle (MP), on salue l’initiative et la position du chef de l’Etat.

Dans cette ordonnance, Joseph Kabila a précisé que le dialogue sera précédé par la mise en place du comité préparatoire dont la durée de travail ne dépassera pas dix jours. Pourtant, le défi de ce forum qui se tiendra à Kinshasa est l’organisation d’un processus électoral apaisé sur la co-modération internationale.

Rien de nouveau

Le secrétaire national en charge des Affaires extérieures de l’UDPS, Félix Tshisekedi, ne reconnaît pas à Joseph Kabila l’initiative de convoquer le dialogue. Il ne voit rien de nouveau dans ses déclarations et constate qu’il ne s’est pas beaucoup exprimé « là où on l’attendait. C’est-à-dire, sur son sort », affirme Félix Tshisekediavant d’ajouter :

« En 2016, il y a une alternance qui doit se faire. Sur cela, on ne l’a pas entendu. Et ce qui est plus grave encore dans ses déclarations, c’est qu’il prend une dérive dangereuse en parlant d’un mode de scrutin qu’il faut refaire ou en évoquant de manière subtile le recensement. Nous disons non à cela », ajoute-t-il.

De l’autre côté, le groupe des sept partis frondeurs de la MP (G7), le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), l’Union pour la nation congolaise (UNC) et leurs alliés de la Dynamique de l’opposition ont, dans une déclaration, réitéré leur non-participation aux assises. Ils ont appelé le peuple à se « lever et à marcher », considérant que la convocation de ce dialogue est une « trahison ».

Obstacle

« En décidant de la convocation de ce fameux dialogue et en précisant les contours, monsieur Kabila s’érige en obstacle principal », déclare le modérateur Ingele Ifoto. Joseph Kabila ne fait plus mystère de son intention « manifeste, planifiée et délibérée de renverser le régime constitutionnel pour s’accrocher au pouvoir. C’est un véritable coup d’Etat constitutionnel », affirme-t-il.

De l’avis de l’opposition, « il s’agit là, d’une forfaiture et d’une imposture qu’aucun Congolais ne puisse accepter ».Et de constater que : « Tous les éléments de la haute trahison sont réunis ». Pour l’opposition : « 

Par ailleurs, l’ex-gouverneur du Katanga démembré, Moïse Katumbi, soutient cette démarche en ajoutant sa voix à celle des autres leaders de l’opposition. Par le biais de son directeur de cabinet, Louis Mwilu, le président du T.P Mazembe estime que : « le dialogue est une mascarade, une distraction ». Et qu’« il faut laisser les institutions de la République produire leurs effets constitutionnels ».

En dernière minute, un communiqué de l’UDPS, signé par Etienne Tshisekedi et publié, mardi 1er décembre à Bruxelles, annonce la non-participation de ce grand parti de l’Opposition qui, du reste, avait souscrit au dialogue. Réagissant au discours de Joseph Kabila et à l’ordonnance portant convocation de ce forum, Etienne Tshisekedi estime que le dialogue ne devrait ni sortir du cadre constitutionnel ni donner lieu à une quelconque manœuvre visant à favoriser un glissement du calendrier électoral au-delà des délais constitutionnels.

Ci-dessous, l’intégralité du communiqué de l’UDPS.

Communiqué UDPS

L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS en sigle, et son Président National, le Dr Etienne Tshisekedi wa Mulumba, après avoir suivi avec attention l’annonce faite par Monsieur Joseph Kabila en date du 28 novembre 2015 relative au Dialogue National,

1. Rappellent que c’est le Président Etienne Tshisekedi wa Mulumba, constant dans sa vision de la démocratie, qui a été le premier à réaffirmer que le dialogue est la VOIE ROYALE de résolution de la crise politique en République Démocratique du Congo (RDC) ; et qu’à cet effet, la feuille de route du parti, publiée le 12 février 2015, donne la vision du Dialogue qui doit être conforme aux prescrits de l’Accord Cadre d’Addis-Abeba, lequel a été signé par 11 pays de la Région de Grands Lacs (dont Joseph KABILA pour le compte de la R.D.C.), en présence des Institutions Internationales (O.N.U., U.A. et U.E.) et de nombreux témoins représentants officiels de leurs gouvernements, suivi par l’adoption de trois résolutions subséquentes du Conseil de Sécurité de l’ONU ;

2. Relèvent qu’en date du 24 novembre 2015, le Président Etienne Tshisekedi a saisi le Secrétaire Général des Nations Unies pour solliciter la désignation, dans les meilleurs délais, d’un Facilitateur ;

3. Précisent que le facilitateur ainsi désigné devra, de commun accord avec les parties prenantes, à savoir le camp du changement représenté, par l’UDPS et alliés, et la majorité au pouvoir, déterminer la composition du comité préparatoire chargé de définir les contours de l’organisation du forum, en prenant la société civile à témoin.

4. Notent que Monsieur KABILA, en tant que partie prenante au dialogue, donc élément du problème congolais et non de solution, ne peut s’arroger le rôle d’être juge et partie. A cet effet, il ne peut ni en définir l’ordre du jour, ni en donner une quelconque orientation.

5. Font remarquer que Monsieur Joseph Kabila, dans son allocution, a parlé de tout, sauf de lui, et s’est ainsi sciemment refusé de s’engager à respecter la Constitution, notamment pour ce qui est du nombre et de la durée des mandats présidentiels et du respect de l’alternance à l’issue de son deuxième et dernier mandat en 2016 conformément à l’article 220 de la Constitution ;

6. Réaffirment qu’en tout état de cause, le dialogue ne devrait ni sortir du cadre constitutionnel qui doit être formellement respecté, ni donner lieu à une quelconque manœuvre visant à favoriser un glissement du calendrier électoral au-delà des délais constitutionnels. Prenant le peuple congolais et l’opinion internationale à témoin,

7. Prennent acte de l’annonce de Monsieur Joseph Kabila du 28 novembre 2015 relative au Dialogue National ;

8. Prient instamment le Secrétaire Général des Nations-Unies de désigner un Facilitateur pour éviter à notre pays de sombrer davantage dans une situation de chaos, qui a déjà tant coûté en vies humaines congolaises, en investissement d’énergies et des moyens à la Communauté internationale ;

9. Affirment que si les exigences légitimes exprimées ci-dessus, et réitérées plusieurs fois depuis déjà de longs mois, sont rencontrées, le parti se tient prêt à s’engager concrètement dans le dialogue politique dont les objectifs principaux recherchés sont : ¾ L’élaboration d’un calendrier électoral réaliste et consensuel, qui tient compte des délais constitutionnels ; ¾ L’organisation d’un processus électoral crédible et dans un climat apaisé ; ¾ Le transfert pacifique du pouvoir, dans le respect de l’expression de notre peuple.

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