RDC : Fosse commune, l’offre d’1,5 millions Euros est une « insulte »

14 avril 2015

RDC : Fosse commune, l’offre d’1,5 millions Euros est une « insulte »

Evariste Boshab, vice-Premier ministre de l'Intérieur
Evariste Boshab, vice-Premier ministre de l’Intérieur

Selon le gouvernement congolais, l’offre de la Belgique (1,5 millions d’Euros) pour aider à boucler l’enquête dans l’affaire Fosse commune à Maluku, est une « insulte » pour la RDC.

Si le gouvernement ne rejette pas l’option d’une enquête pour faire toute la lumière sur le dossier de la fosse commune de Maluku, il ne se dit pas pour autant prêt à se plier sous la pression de la communauté internationale. Il entend dès lors exercer pleinement sa souveraineté, a promis Alexis Thambwe Mwamba, ministre de la Justice et Droits humains qui s’est invité au débat, lundi 13 avril à l’Assemblée nationale.

Selon ce dernier, l’argent promis par « un pays ami », la Belgique (1,5 millions d’euros), pour aider le gouvernement à boucler l’enquête à Maluku est une « insulte » pour l’Etat congolais, au regard des dizaines des millions de dollars mobilisés, sur fonds propres, pour « les routes, le Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, le processus électoral 2015-2016, etc. ».

Thambwe Mwamba a annoncé qu’il organiserait deux points de presse hebdomadaires pour fixer sur l’évolution de l’enquête judiciaire confiée au procureur du parquet de Kinkole. Il n’a pas exclu la possibilité d’une exhumation des corps, à condition, rappelle-t-il, que le procureur général de Kinkole, en fasse la demande. Si tel est le cas, promet-t-il, « cela sera fait en plein jour et en présence des élus du peuple, des membres des corps diplomatiques, etc. ».

Mais, on se rappellera que le 24 août 2014, l’épidémie à virus Ebola a été déclarée dans la province de l’Equateur. Et un jour après, le ministre de la Santé publique, Félix Kabange Numbi, a lancé un plan de riposte évalué à près de 4,5 millions USD. Curieusement, la RDC n’était pas en mesure de réunir, à elle seule, ce montant. « À ce stade, seule la somme d’un million deux cent mille dollars a été débloquée par le gouvernement, l’autre partie reste à trouver », avait-il déclaré

Certains analystes pensent que, si la RDC était capable de mener seule l’enquête sur la fosse commune et considère que le 1,5 millions d’euros de la Belgique est une insulte à son endroit, il pouvait aussi, non seulement, prendre en charge les travaux de réhabilitation de l’aéroport de Goma qui sont évalués à moins de 500 milles USD, mais aussi, éradiquer seule la fièvre hémorragique à virus Ebola.

« Fosse commune » ou « tombe commune » ?

Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a fait savoir que la plénière portait sur la « tombe commune » de Maluku et non sur la « fosse commune ». Le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et sécurité, Evariste Boshab, principal hôte à la plénière de ce lundi pour éclairer l’opinion sur ce dossier, a aussi fait un distinguo entre « tombe commune » et « fosse commune », soulignant que celle-ci pouvait faire penser à « un massacre et une inhumation conduite dans la précipitation et la clandestinité ».

Or, selon Boshab, « le gouvernement congolais n’a rien à cacher : 421 corps avaient été enterrés collectivement par les services de l’Hôtel de Ville de Kinshasa le 19 mars 2015 au cimetière Fula-fula de Maluku, dont 300 mort-nés et fœtus morts, 64 inconnus sans identités en dépit des recherches menées à cet effet, 23 abandonnés préalablement identifiés, 34 sans liens sociaux ». A l’en croire, « il s’agit d’opérations de routine qui interviennent au bout de 30 jours pour le cas de la morgue de cette formation médicale, dont la capacité d’accueil est de 310 corps ».

Les députés à la morgue

Cependant, les députés de l’Opposition persistent à croire que la fosse commune de Maluku cachait bien de choses, compte tenu de l’absence des certificats de décès et d’inhumation des morts, de leurs identités, de leurs adresses, des causes de leurs décès et de la violation des lois relatives à l’inhumation.

Par ailleurs, à la suite de l’information émanant du vice-Premier ministre de l’Intérieur faisant état de 178 autres corps non réclamés se trouvant actuellement dans la Morgue centrale de l’hôpital général provincial de référence (ex-Mama Yemo) et devant être enterrés prochainement dans une « tombe » collective, le président de l’Assemblée nationale a annoncé la descente dès ce mardi 14 avril d’une délégation des élus du peuple dans cette morgue.

D’ores et déjà, la journée « Portes ouvertes » organisée dans les mêmes installations hier lundi, s’est terminée en queue de poisson. L’accès à la morgue ayant été pratiquement impossible pour les personnalités conviées à cette visite du fait d’une forte émanation de formol. D’aucuns pensent que ce n’est pas à la morgue qu’il faille rendre visite. Mais, le lieu le mieux indiqué pour cette visite exceptionnelle est le cimetière « Fula-fula » où est localisée la fameuse « fosse/tombe commune ».

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